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14 novembre 2023 2 14 /11 /novembre /2023 00:22

 

" L'ambition, l'avarice, l'irrésolution, la peur et les concupiscences, ne nous abandonnent point si nous changeons de contrée :

 

         "Et le noir souci s'assoit derrière le cavalier"(Horace, Odes, III, 1, 40.)

 

... On disait à Socrate, que quelqu'un ne s'était aucunement amendé en son voyage. Je crois bien, dit-il, il s'était emporté avec soi :

 

         "Pourquoi changer pour une terre chauffée par un autre soleil ? Qui peut se fuir lui-même en quittant sa patrie ?" (Horace, Odes, II, 16, 18-20).

 

 

Michel de Montaigne : Essais Livre 1, Chapitre 34, Édition d'Emmanuel Naya, Delphine Reguig et Alexandre Tarrête, Gallimard, 2009.

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8 octobre 2023 7 08 /10 /octobre /2023 22:50

 

Portrait présumé de Montaigne

" Il ne faut rien projeter de si longue haleine ou au moins avec telle intention d'être affecté si l'on n'en voit la fin...

    Sortez de ce monde comme vous y êtes entré. Le même passage que vous fîtes de la mort à la vie, sans passion et sans frayeur, refaites-le de la vie à la mort. Votre mort est une des pièces de l'ordre de l'univers. c'est une pièce de la vie du monde..."

   Les mortels s'échangent la vie entre eux et, comme des coureurs, ils se transmettent les flambeaux de la vie. (Lucrèce, "De rerum natura")

   Je veux que la mort me trouve plantant mes choux mais nonchalant d'elle, et encore plus de mon jardin imparfait..."

 

                                                           

 

Michel de Montaigne : Essais Livre 1, Chapitre 20. Édition d'Emmanuel Naya, Delphine Reguig et Alexandre Tarrête, Gallimard, 2009.

 

​​​​​​​Du même auteur, dans Le Lecturamak : 

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20 juillet 2023 4 20 /07 /juillet /2023 10:51

 

"...Et l’on rêve d’une traduction de l’excellent On Writing de George V. Higgins (Bloomsbury, 1991), ce maître du polar qui conseille : « Primo : « Connais-toi toi-même » (Plutarque). Secundo : « Garde ça pour toi » (Higgins) »."

 

Jérôme Delclos, extrait d’une critique de "La littérature est une manière de rendre des coups", de Nicolas Mathieu, dans le magazine LMDA n°243, mai 2023.

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27 janvier 2023 5 27 /01 /janvier /2023 08:35
 Buste de Sénèque , marbre (H. 70 cm ; l. 33 cm ; pr. 23 cm) réalisé par un auteur anonyme au XVIIe siècle. – Œuvre N° cat. E144 du Musée du Prado de Madrid . Photographie réalisée lors de l'exposition temporaire l'Europe de Rubens au Musée du Louvre-Lens .
Buste de Sénèque

" Mon cher Lucilius :

 

 [...] Le temps que, jusqu'ici, on t'enlevait, on te soutirait ou qui t'échappait, recueille-le et préserve-le. Persuade-toi qu'il en va comme je l'écris : certains moments nous sont retirés, certains dérobés, certains filent. La perte la plus honteuse, pourtant, est celle que l'on fait par négligence. Veux tu y prêter attention : une grande partie de la vie s'écoule à mal faire, la plus grande à ne rien faire, la vie tout entière à faire autre chose.

   Quel homme me citeras-tu qui mette un prix au temps, qui estime la valeur du jour, qui comprenne qu'il meurt chaque jour ? C'est là notre erreur, en effet, que de regarder la mort devant nous : en grande partie, elle est déjà passée ; toute l'existence qui est derrière nous, la mort la tient. Fais donc, mon cher Lucilius, ce que tu écris que tu fais, embrasse toutes les heures ; de la sorte, tu dépendras moins du lendemain quand tu auras mis la main sur l'aujourd'hui. Pendant qu'on la diffère, la vie passe en courant.

   Toute chose, Lucilius, est à autrui, le temps seul est à nous ; c'est l'unique bien fugace et glissant, dont la nature nous a confié la possession : nous en chasse qui veut. Et si grande est la sottise des mortels que les objets les plus petits, les plus vils, du moins remplaçables, ils supportent de se les voir imputés quand ils les ont obtenus, que nul ne se juge redevable en quoi que ce soit pour avoir reçu du temps, alors que c'est le seul bien que, même reconnaissant, l'on ne peut rendre...

   [...] Selon l'avis de nos ancêtres, il est "trop tard pour épargner quand on arrive au fond" ; ce n'est pas seulement, en effet, la part la plus petite qui subsiste à la fin, mais la plus mauvaise. Porte-toi bien."

 

Sénèque, extrait de "Lettres à Lucilius, Lettres 1 à 29, Livres  1 à 3". Extraits de la Lettre 1 sur la valeur du temps., Éditions GF Flammarion, 2017.

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14 décembre 2022 3 14 /12 /décembre /2022 00:52

 

" ... ce qui se passe de nos jours en matière d'intellect et d'intellectuels est tout simplement un scandale - et une mystification, une des plus grandioses de l'histoire. L'intellectuel a longtemps servi à "démystifier", jusqu'au moment où il est devenu lui-même l'instrument d'un monstrueux mensonge. Le savoir et la vérité ont depuis longtemps déjà cessé d'être le souci principal de l'intellectuel - remplacés tout simplement par celui de ne pas laisser voir qu'on ne sait pas. L'intellectuel, qui étouffe sous le poids des connaissances qu'il n'a pas assimilées, biaise comme il peut pour ne pas se laisser attraper. Quelles précautions prend-il ? Formuler les choses astucieusement pour ne pas se laisser coincer sur des mots. Ne pas pointer son nez au-delà de ce qu'il maîtrise plus ou moins. Employer des notions sans développer, comme si elles étaient connues de tous mais en fait pour ne pas trahir sa propre ignorance. Laisser entendre qu'il sait. On a vu naître un art particulier : celui de s'escrimer habilement avec des idées qu'on ne possède pas, en faisant mine d'avoir des bases solides. Une façon particulière de citer et de faire usage des noms. Parmi les milliers d'exemples qui me viennent à l'esprit, je n'en prendrai qu'un : un des plus violents débats intellectuels de l'après-guerre fut la polémique provoquée par l'exigence de Sartre que l'intellectuel " s'engage", qu'il "choisisse". Aucun écrivain ne pouvait dans la pratique éviter de se déclarer pour ou contre. Mais pour comprendre les postulats énoncés par Sartre dans ses Situations, il fallait d'abord saisir sa conception de la "liberté", ce qui supposait que l'on ait étudié les sept cent pages de L'être et le néant (un vrai pensum), et "L'être et le néant", développant une ontologie phénoménologique, supposait la connaissance de Husserl, sans parler de Hegel ni de Kant... Combien, je me le demande, parmi ceux qui ont discuté les thèses de Sartre, auraient eu le courage de se présenter devant un jury d'examen ?...

 

Witold Gombrowicz, extrait de " Journal, Tome II, 1959-1969. Éditions Gallimard Folio, 1995.

 

Du même auteur, dans Le Lecturamak : 

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22 novembre 2022 2 22 /11 /novembre /2022 15:51

L'art de ne pas lire est très important. Il consiste à ne pas s'intéresser à tout ce qui attire l'attention du grand public à un moment donné. Quand tout le monde parle d'un certain ouvrage, rappelez-vous que quiconque écrit pour les imbéciles ne manquera jamais de lecteurs. Pour lire de bons livres, la condition préalable est de ne pas perdre son temps à en lire de mauvais, car la vie est courte.

 

Schopenhauer, cité par Simon Leys, "Les idées des autres". Trouvé sur la page d'accueil d'un lecteur de Babelio.

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28 avril 2022 4 28 /04 /avril /2022 22:24

Notre époque jette une lumière crue sur l'inclusion du fascisme dans le capitalisme, comme l'expression de sa logique mortifère. Seuls ceux qui, à chaque élection, appellent à "faire barrage" entendent faire croire que le fascisme nous arrive du dehors ; l'adoration du chef, la haine du parlement et la fascination pour la violence seraient autant d’archaïsmes résistant encore et toujours à la modernité. Il n'est heureusement plus grand nombre pour les croire, car il est maintenant flagrant que faire barrage signifie en réalité préparer le terrain.

 

   Le temps passé avait pu faire croire que le fascisme avait été vaincu, mais voilà que le système est de nouveau en surrégime et qu'il lui faut des ventilations. À langue abattue, on parle de déclin moral, d'empoisonnement culturel et surtout d'étrangers menaçants. On lâche la bride à toutes les polices et le techno-flicage se fait chaque jour plus raffiné. Les plus avisés donnent de la voix pour rappeler "les heures sombres de notre histoire" Mais il y a fort à parier que cette évocation de la bête immonde, prête à surgir une fois encore, nous détourne de ce qui est en train de se passer et nous désarme. Car ce n'est probablement pas des menées d'un parti nationaliste et autoritaire que résultera le fascisme prochain, tant le capitalisme a œuvré, depuis longtemps déjà, à périmer ce genre d'instrument du retour à l'ordre. L'étude du fascisme historique ne doit pas servir à identifier un grand invariant de l'histoire mais, au contraire, à différencier ce qui nous arrive et qui est autrement plus invasif.

 

   [...] on peut tout à fait se représenter les fascistes comme de dangereux ennemis et nourrir en soi des façons de désirer propices au fascisme. C'est ce qui arrive dès lors qu'on entend réduire les fascistes au moyen des systèmes de lois, des régimes de production et des circulations d'images qui entérinent l'axiomatique mortuaire. Sous les paroles de responsabilité, la psyché rêve d'autorité : prise dans les délires d'immortalité, redoutant en elle et dans les autres l'instinct de mort, elle s'imagine par conséquent dans les institutions appelées à réprimer ce dernier. Il y a des sauveteurs de l'État républicain redoutant la nature humaine, excités par le transhumanisme et comblés par les caméras de surveillance, qui se réveilleront un  de ces quatre matin le regard brun...

 

   "Good morning coworking" : des immeubles aux vitres entièrement opaques arborent deux mille mètres carrés de terrasses végétalisées. À leur pied, des caméras à 360 degrés, des grillages dernier cri, des pics sur les murs et des bancs bombés pour priver de sommeil les clochards... dans l'air, des voix synthétiques rappellent en boucle qu'il est impératif que nous nous surveillions mutuellement : " si vous observez un comportement étrange, veuillez envoyer un SMS au numéro suivant..." Deux rues plus loin, un gymnase où sont parqués des migrants dont on détruit le campement et dont on passe les souvenirs à la broyeuse. N'importe quelle déambulation dans nos métropoles confirme qu'elles sont prises dans un devenir-fasciste évident - et nous avec elles. la peur de tout ruisselle partout et le désir de contrôle, de caméra et de matraque semble subsister comme seul désir commun. dans un tel univers, le désir, désire sa propre répression.

 

   La nuit, les gens qui ne sont rien remettent la ville en ordre pour que les autres la trouvent magiquement prête à l'usage. La ville extorque ce dont elle a besoin et vomit ses déchets au plus loin, là où survit la multitude de ceux qui ne réussiront jamais. La ville où hurlent continûment les sirènes, où les yeux sont captivés par les écrans, est le lieu de la grande paranoïa et du profond cynisme. C'est la machine à produire de la fascination pour le système qui offre aux élus de pouvoir consommer, communiquer, voyager en toute sécurité. C'est en elle que naît le désir d'appartenir à la nouvelle race des seigneurs, celle qui escompte vivre indéfiniment par-delà la destruction des mondes...

 

Pierre Magne : extraits de " le fascisme du dedans", article paru dans la revue "Esprit" n°484, Avril 2022.

 

 

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3 février 2022 4 03 /02 /février /2022 17:36
Bruno Latour, 2015.

 

... L’écologie est née dans les marges, depuis la fin de la guerre, avec des penseurs et des précurseurs qui ont décidé de « sortir du système », comme on dit… Aujourd’hui, ces marginaux sont devenus centraux parce qu’ils ont pointé du doigt LA question pour la survie de tous. Ce changement est très compliqué pour des gens qui se voient toujours comme marginaux et qui, brusquement, s’aperçoivent qu’ils peuvent devenir la majorité et doivent répondre à de nouvelles questions : que fait-on de la conquête du pouvoir ? Qu’est-ce qu’un État de l’écologisation, tout comme il y a eu un État de la reconstruction, un État de la modernisation, un État (très secoué) de la globalisation ? Et qu’est-ce qu’une Europe écologique ? Tant que les écologistes continueront à chérir leur marginalité, ils seront incapables de définir la politique à leur manière et de repérer l’ensemble des alliés mais aussi des adversaires. Car définir ses ennemis, c’est essentiel... On connaît parfaitement les deux cents méchants charbonniers-pétroliers ! La clarification est publique : de plus en plus d’institutions refusent de financer les énergies fossiles ; la responsabilité des plus riches dans le changement climatique est amplement documentée (lire le Rapport sur les inégalités mondiales 2022, codirigé par Lucas Chancel, Thomas Piketty, Emmanuel Saez, Gabriel Zucman) ; on a plein de propositions efficaces d’impôts sur l’usage du CO2, sur la fortune des multimilliardaires. Le défi n’est plus de désigner mais de rassembler des gens décidés à en tirer les conséquences concrètes. Or le pétrole, c’est aussi nos voitures, nos pulls en polyester, nos steaks saignants… Nous sommes victimes et complices, à différentes échelles. Si un parti écologique était élu à la présidentielle, quelles populations suivraient des mesures, forcément difficiles, à même d’attaquer sérieusement ces charbonniers-pétroliers ? Il faut des gens derrière...

 

Je veux bien parler d’« anticapitalisme », mais cela ne clarifie pas beaucoup les choses, d’autant que Marx n’utilise jamais le terme de capitalisme — il parle de « capitalistes ». Et surtout, nous ne sommes plus dans la même histoire. Quittons les batailles et la sociologie du xxe siècle ! Aujourd’hui, il s’agit de comprendre que la production seule ne définit plus notre horizon, et que notre obsession pour la production destructrice… nous détruit. Ce que l’on ne capture pas avec la notion de « capitalisme », c’est que la bataille porte sur l’économie : non pas la discipline économique, qui sert à faire des comptes, mais celle avec un grand E, cette idéologie qui conçoit les relations humaines uniquement en termes de ressources et nous vend la croissance comme seul moyen de prospérer. Voilà pourquoi cette bataille s’inscrit dans l’histoire de la gauche émancipatrice, au sens de Karl Polanyi : le véritable défi, c’est la résistance à l’économisation, par tous les moyens. Le monde n’est pas fait de relations économiques !

Refaire une société est ce qu’il y a de plus compliqué, surtout quand elle a été défaite par ces forces puissantes qu’on appelle « néolibérales ». La gauche a tout perdu, il faut se réarmer autrement et poser en termes de valeurs des questions qui sont posées en termes d’économie. On le voit avec la crise de l’hôpital, de l’enseignement : ces sujets ne sont pas valorisés parce que la question de la valeur n’est pas considérée comme prioritaire. Pourquoi ne paierait-on pas mieux les professeurs, les infirmières ? Pourquoi l’hôpital est vu comme une dépense et pas un bien commun ? Qu’est-ce qui est important ? C’est quoi, la prospérité ? Le merveilleux livre de David Graeber et David Wengrow Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité montre que des tas de sociétés se sont organisées en dehors de toute économisation...

 

Bruno Latour, extrait d'un entretien pour Télérama n°3759, janvier 2022.

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17 novembre 2021 3 17 /11 /novembre /2021 17:45

 

 Édouard Louis, Foire du livre de Francfort 2017
Édouard Louis, Foire du livre de Francfort 2017

 

" Le sentiment de honte est la manifestation intime du fonctionnement du monde social, de ses hiérarchies. Ce n’est pas un choix, mais un sentiment qui s’impose à vous. La honte fait partie de moi depuis toujours, elle est un des matériaux constitutifs de mon être. Lorsque j’étais enfant et que j’allais chez le médecin avec ma mère, nous avions honte de ne pas parler aussi bien que lui, honte de nos corps qui disaient notre appartenance aux classes populaires.

 

Adolescent, j’ai eu honte de ma mère, j’ai essayé de la cacher, de m’inventer d’autres parents. Lorsque ma honte se rappelle à moi aujourd’hui, je ressens une forme d’effondrement intérieur. L’écriture a été une manière de la transformer, de la retourner : j’écris pour faire honte aux dominants, à ce qu’ils font aux classes populaires, et surtout à ce qu’ils ne font pas contre cette violence du monde qui n’arrête pas de se reproduire...

 

C’est plutôt que, selon l’angle par lequel on saisit la réalité, la description n’est pas la même. Si je décris mon père de la façon dont je me suis attaché à le faire dans Qui a tué mon père (2018), il apparaîtra comme la victime d’un système d’oppression capitaliste, quelqu’un qui s’est détruit la santé à l’usine, puis qui a perdu ses aides sociales et l’accès aux médicaments. Mais dans Combats et métamorphoses d’une femme (2021), il apparaîtra comme le bourreau qui disait à ma mère de rester à la maison, de s’occuper des enfants et de se taire. Selon la façon dont je l’envisage, il est comme une autre personne.

C’est la même chose pour mon enfance : j’ai pu être à la fois le gamin victimisé que je décris dans Pour en finir avec Eddy Bellegueule et l’adolescent qui a produit de la violence sur ses parents que je raconte aujourd’hui. Il s’agit de la coexistence de plusieurs réalités objectives et indiscutables : la douleur du corps d’un ouvrier après le travail, la domination masculine qui tue presque une femme par jour en France, les humiliations subies par un enfant qu’on traite de « pédé » dans la cour de l’école. J’essaye de restituer ça dans la littérature.

Même si ces éléments d’objectivité produisent quelque chose de dérangeant, d’inconfortable, d’insupportable même parfois... "

 

Édouard Louis : extrait d'un entretien pour le magazine Télérama n°3740, du 15.09.2021.

" L’enjeu et la difficulté, c’est de bien distinguer la honte qui fait qu’on s’accepte mal et qu’on en souffre et celle qui fait qu’on ne parvient pas à être totalement satisfait du monde. Celle-ci est transformatrice. Elle est aussi une capacité à se retenir, au bord de la facilité, de la vulgarité, de la lâcheté. Gilles Deleuze soutient que la philosophie n’a qu’une fonction : faire honte à la bêtise. Il le dit dans l’entrée « Résistance » de son Abécédaire… Le génie de la philosophie, depuis Socrate, c’est que son « faire honte » ne s’adresse pas à l’ignorance, comme dans l’institution scolaire, mais au savoir, récité et arrogant. « Sais-tu vraiment ce qu’est la politique pour en parler avec tant d’assurance ? », demande Socrate à Alcibiade. Et ses interlocuteurs de prendre conscience qu’ils parlent en automates, sans réfléchir..."

 

Frédéric Gros : extrait d'un entretien pour le magazine Télérama n°3740, du 15.09.2021.

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10 novembre 2021 3 10 /11 /novembre /2021 00:09

 

" Je n'écrirais rien des partis, si c'était pour dire seulement qu'ils fournissent à chacun des opinions toutes tracées, et conforme à ses intérêts; cela est assez connu. mais il y a mieux à dire. Ce qui me frappe, c'est que l'on prend facilement parti, pour et contre toujours, sans intérêt, et même sans passion cachée; la passion est tout entière dans le parti pris; le bonheur est de contredire et de haïr; mais la thèse n'importe guère. J'ai vu beaucoup de gens être d'un parti pour de faibles causes, et s'y tenir. par exemple on peut prendre parti pour l'armée anglaise seulement parce qu'on la voit, et qu'on en parle à d'autres qui ne la voient point. On serait aussi bien contre. Mais quel que soit le parti pris, on s'y enfonce, on trouve des raisons; c'est comme un jeu où l'on devient fort; et la grande preuve c'est toujours qu'on s'y passionne. C'est le goût de l'éloquence et de l'invective qui fait les partis...   

    Je retrouve ce trait toujours assez visible dans l'animal humain. Le jeu des opinions l'intéresse trop. Dans cette chaleur des discussions, je vois toute la guerre ramassée...

   Je dirais bien quelquefois qu'on prend n'importe quelle opinion comme on prend une arme...

 

 Ô Dieux, si vous existez, préservez-nous des guerres justes, puisque nous avons résolu de n'en point faire d'autres"

 

Tu n'as pas à dire ce que tu ferais, si tu étais au gouvernement, mais à te méfier de tout gouvernement "

 

Alain, extrait de "De quelques-unes des causes réelles de la guerre entre nations civilisées" Cahier Alain 2, Édition Institut Alain, Le Vésinet, 1988.

 

Du même auteur, dans Le Lecturamak : 

 

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  • : Le Lecturamak
  • : "Nous serions pires que ce que nous sommes sans les bons livres que nous avons lus ; nous serions plus conformistes, moins inquiets, moins insoumis, et l'esprit critique, moteur du progrès, n'existerait même pas. Tout comme écrire, lire c'est protester contre les insuffisances de la vie." Mario Vargas Llosa. Discours du Prix Nobel" Je pense que nous n'avons pas de meilleure aide que les livres pour comprendre la vie. Les bons livres, en particulier. C'est la raison pour laquelle je lis : pour comprendre de quelle façon je dois vivre, et découvrir qui sont les autres, dans le secret d'eux-mêmes " Benjamin Markovits : extrait d'entretien pour Transfuges n° 31 juin-juillet 2009
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