Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 juillet 2023 6 22 /07 /juillet /2023 07:39

6 décembre 1935

 

   Blasphémer, pour ces types à l'ancienne qui ne sont pas tout à fait convaincus que Dieu n'existe pas, mais qui, tout en se fichant de lui, le sentent de temps en temps entre leur chair et leur peau, est une belle activité. Une crise d'asthme et l'homme se met à blasphémer avec rage et ténacité : avec l'intention très nette d'offenser ce Dieu éventuel. Il pense que, après tout, , s'il existe, chaque blasphème est un coup de marteau sur les clous de la croix et un peu de chagrin fait à Dieu. Ensuite, Dieu se vengera - c'est son système - il créera un chaos diabolique, il enverra d'autres malheurs, il vous mettra en enfer, mais même s'il bouleverse le monde, personne ne lui enlèvera le chagrin qu'il a éprouvé, les coups de marteau dont il a souffert. Personne ! C'est une belle consolation. Et, bien sûr, cela démontre qu'après tout, ce Dieu n'a pas songé à tout. Pensez donc, il est le maître absolu, le tyran, le tout ; l'homme est une merde, un rien du tout, et pourtant l'homme a cette possibilité de le faire mettre en colère, de le mécontenter et de lui gâter un instant de sa bienheureuse existence. C'est vraiment là le "meilleur témoignage que nous puissions donner de notre dignité*". Comment se fait-il que Baudelaire n'ait jamais écrit un poème là-dessus ? 

 

* "Car c’est enfin, Seigneur, le meilleur témoignage – Que nous puissions donner de notre dignité, – Que cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge – Et vient mourir au bord de votre éternité!" Baudelaire, Les fleurs du mal", Les Phares, 1857

 

 

Cesare Pavese : "Le métier de vivre" 1958, 2008 pour la traduction française.

Partager cet article

Repost0

commentaires

  • : Le Lecturamak
  • : "Nous serions pires que ce que nous sommes sans les bons livres que nous avons lus ; nous serions plus conformistes, moins inquiets, moins insoumis, et l'esprit critique, moteur du progrès, n'existerait même pas. Tout comme écrire, lire c'est protester contre les insuffisances de la vie." Mario Vargas Llosa. Discours du Prix Nobel" Je pense que nous n'avons pas de meilleure aide que les livres pour comprendre la vie. Les bons livres, en particulier. C'est la raison pour laquelle je lis : pour comprendre de quelle façon je dois vivre, et découvrir qui sont les autres, dans le secret d'eux-mêmes " Benjamin Markovits : extrait d'entretien pour Transfuges n° 31 juin-juillet 2009
  • Contact
">

richard desjardins

Recherche

Isabelle Mayereau


compteur gratuit ">


compteur gratuit
">

romain didier


compteur ">

">


compteur ">

SITES À DÉCOUVRIR  :

 

LE BLOG D'YSABEL

 

NOTRE JARDIN DES LIVRES

LA PARAFE

LYVRES
UNE AUTRE ANNÉE

Créer un blog gratuit sur overblog.com - Contact - CGU -