JH : D.H Lawrence disait : "La seule aristocratie est celle de la conscience'"
GS : Qu'entendait-il par là, à ton avis ?
JH : Je crois qu'il voulais dire que plus une personne est consciente, plus elle vit intensément - si l'intensité est le critère, la vie étant si brève... comme nous l'avons tous les deux remarqué récemment. Que celui qui fait l'expérience la plus vive de l'existence...
GS : La plus vive ? Je ne suis pas certain d'être d'accord avec la façon dont il a dit ça, mais c'est une bonne question.
JH : Pourquoi n'es-tu pas d'accord ?
GS : Oh, parce que c'est trop spectaculaire, trop romantique.
JH : il était comme ça.
GS : Bien sûr. En tout cas, en comparaison, de cette assertion, une conception extrême orientale de l'aristocratie de la conscience, chinoise ou coréenne, serait plus sereine et modérée. pas comme un embrasement chatoyant, pas comme une chandelle enflammée qui s'éteint.
JH : C'est aussi ce que Kobun Chino Sensei pensait. Certains critiquaient son ami Deshimaru parce qu'il disait : "Vous devez être attentifs comme si un feu brûlait dans vos cheveux." Et Kobun disait : "Vous devez être attentifs comme si vous peigniez un verre d'eau."
GS : Ah, c'est mieux.
JH : Cette idée du caractère divin de l'ordinaire...
GS : Exactement. On a là deux facettes du zen...
JH : René Char dit que si tu es un poète, tout ce que tu dois faire, c'est "être là quand le pain sort du four".
GS : Ça me plait...
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Jim Harrison, Gary Snyder : extrait de "Aristocrates sauvages",2010. Éditions Wild Project, 2011 et 2022 pour la version française.
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