" Foutriquet, nain grotesque, Petit Jeanfoutre, Adolphe le petit, satrape de Seine et Oise, le nabot, Myrmidon 1er, roi des Versailleux, l'incestueux, le serpent à lunettes..." A ces noms d'oiseaux, ajoutons le " massacreur de la Commune " ainsi que l'étrange " étroniforme bourgeois " de Flaubert, et l'on aura une petite idée de la détestation dont Adolphe Thiers aura été l'objet. Et puis, en regard , on a l'influence considérable qui fut la sienne sous cinq régimes, et aussi la phénoménale séduction qu'il aura exercée sur ses contemporains.
... a la tribune d'une Assemblée, un discours d'Adolphe Thiers, commencé sous les quolibets, se terminait souvent dans le silence religieux d'une assistance subjuguée.
Il fallait que cette force de conviction fût bien grande pour qu'elle soit à l'origine d'une disposition constitutionnelle qui fait encore aujourd'hui notre actualité. Nicolas Sarkozy souhaite pouvoir s'adresser directement aux députés et sénateurs, ce que notre Constitution interdit. Or, si depuis trois Républiques, le chef de l'Etat ne peut communiquer avec les Assemblées que par un message, c'est à Adolphe Thiers ou plutôt à la majorité monarchiste qui, peureusement l'écarte en 1873 du pouvoir, qu'on le doit .
Les monarchistes avaient en effet inventé ce dispositif tant ils redoutaient que ce diable d'homme, par la seule magie de son verbe, ne parvienne, face à la Chambre, à retourner la situation en sa faveur.
Marc Riglet, , commentant la biographie de Thiers par Georges Valance, magazine "Lire"novembre2007.