" Notre Israel à nous n'a pas de frontières. Ni géographiques, ni sur le plan de la discipline intérieure et de la retenue publique. Ici, on se permet de tout dire. D'inciter au meurtre du Premier Ministre sans que personne ne réagisse. De recouvrir des murs entiers de graffitis racistes tels que " Mort aux Arabes " et " Pas d'Arabes, pas d'attentats " sans qu'aucune autorité municipale, la police ou une instance responsable de l'espace public daigne effacer cette honte qui s'étale sous nos yeux. Dans les quartiers orthodoxes de Jérusalem, il y a plus de croix gammées que dans tous les cimetières juifs profanés du monde. Ici, la liberté d'expression a dépassé toutes les limites et s'est transformée en anarchie verbale, dangereusement proche du passage à l'acte violent. Le pays tout entier est pris en otage par un groupuscule de colons menaçant de guerre civile, de résistance passive, et remettant en cause la légitimité de l'Etat et la volonté de la majorité. Tout cela au nom de la liberté d'expression et d'association.
Si tel est le cas, quel lien cimente les différentes composantes de la société israelienne ? La réponse est simple : la guerre. Combien de fois nous sommes nous réjouis d'avoir des Arabes, car sans eux nous nous serions entre-tués depuis longtemps ? Et si nous avions eu des ennemis " intelligents " , n'est-ce pas , ils auraient déposé leurs armes, " forgé de leur glaive des socs de charrue et de leur lances des serpettes " ( Isaie ) et attendu patiemment ... que nous fassions le sale boulot tout seuls. "
Avraham Burg : " Vaincre Hitler " ( Extrait paru dans " Lire " de Mars 2008 )