" Mais surtout, cette maison s'inscrivait dans un vaste projet : célébrer le centenaire de l'Algérie française. Oui, il importait alors de rappeler qu'un certain 13 juin 1830 les troupes du général Berthezène avaient débarqué sur la plage de Sidi-Ferruch, en même temps qu'accostaient cent bâtiments de la marine et quatre cents navires de commerce. Quelques jours et milliers d'exactions plus tard, on faisait signer au bey d'Alger un acte de reddition. Voilà pourquoi - afin de signifier au monde, et en particulier aux indigènes anonymes qui après avoir enduré Espagnols puis Ottomans avaient vu leur population diminuée d'un tiers à force de razzias, de massacres et d'enfumades, combien la France, dans sa grandeur, s'était montrée généreuse en annexant leur sol et en investissant hommes et richesses pour faire de leurs trois provinces trois départements français quoique sahariens - voilà pourquoi un comité de propagande fut monté de toute pièces tel un obscène gâteau de noces afin d'organiser comme il se doit une liesse coloniale sans précédent..."
Claro, extrait de "La maison indigène" Éditions Actes Sud, 2020.
Du même auteur, dans Le Lecturamak :
le soulèvement final des invisibles. (Claro) - Le Lecturamak
Christophe Claro, 2010 " Je ne sais pas l'Algérie. Je sais - mal - la colonisation, du moins ce qu'en disent les livres, les images, celles des battus au sang, des peaux brûlées par autre chose que
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